Obscurité

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Ce jour-là, j’ai rendez-vous avec un rayon de lumière.

Ce ne sont pas les pensées qui m’ont menées là, mais une intuition, la réponse viscérale à un appel lointain. Je n’aurais pas pu aller ailleurs : l’obscurité de la caverne est une amie qui m’attend, qui murmure à cette ombre en moi, à cette profondeur sous le brouillard des pensées qui débordent. Je me contorsionne dans le ruisseau en rampant sous la voûte basaltique, jusqu’à émerger dans le ventre froid et humide de la montagne. Tanière protectrice, refuge.

Blotti tout au fond, ma sueur se mêlant à celle du rocher, je me laisse hypnotiser par le mouvement synchronisé des milliards de gouttelettes chutant d’une fissure, qui forment un rideau devant moi, sur lequel des araignées suspendues se détachent. Oubli des mots, se laisser cueillir, envelopper, par le chant de la cascade et l’atmosphère organique du lieu. Laisser se condenser et perler dans la nuque les idées trop civilisées, chargées d’injonctions et d’écrans lumineux. Laisser l’air chargé d’odeurs d’humus et de roche infuser dans le corps, emplir les trop grandes déchirures qui coupent des sensations, étendre la trame sensible aux cellules engourdies, jusqu’à-ce que l’état intérieur ne soit plus vraiment discernable des alentours. Soudain, le soleil qui se tenait au seuil d’une trouée dans la roche décide de s’avancer à travers le rideau bleuté. Brasier. En m’avançant sous la cascade, je suis prêt à rejoindre le dehors en suivant le rayon doré. Aveuglé de lumière, un frisson d’éphémère vérité me parcours tout entier.

 

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